Le 23 juillet dernier, le club Baztandarrak organisait leur Marathon de montagne, qui cette année comptait pour la Coupe du Monde du K42 Trail.
Le 1er Homme et la 1ère Femme se verrait offrir le billet pour disputer la Finale Mondiale, direction l'Argentine le 12 novembre prochain...
Ça laisse rêveur...mais jamais je n'ai eu à l'esprit la possibilité de gagner la course...
Eh bien je ne me suis pas trompée ;-)
Depuis mon inscription sur le Marathon (plutôt tardive, le temps que je me persuade que j'en était capable!!), j'ai souvent regardé la liste des inscrits...et surtout des inscritEs!!!
J'ai même fait des recherches sur mes adversaires (une quarantaine)...pour en arriver à la conclusion que, chez les femmes aussi il y aurait un sacré niveau! Entre l'Argentine, 5ème mondiale l'année passée; Séverine Duhalde qui gagne toutes les courses du coin et qui prépare le Grand Raid des Pyrénées (le 160km, s'il vous plaît!); Marie-Pierre Larroude toujours bien placée; et sans parler des Espagnoles...!!
Je me demandais si c'était quand même ouvert aux débutants!!
Hé oui, je suis une petite nouvelle dans le Trail, seulement ma 4ème participation, et jamais plus de 25km!!
Ajoutez à cela un début d'entraînement en avril, après ma côte cassée et mon entorse de la cheville...
Bref pas très rassurant tout ça!!
Ce n'est pas mon électrocardiogramme...mais le parcours du Marathon de Bidarray!!
Grâce à mes coaches (!), je connais une partie du parcours.
Le premier sommet, l'Artzamendi à 907m, mais je ne l'ai pas grimpé par le même flan que celui de la course!
Et Irubela, à 965m, sacrément raide!
D'ailleurs, à chaque fois que des connaisseurs me parlent du Marathon, j'ai l'impression qu'ils essaient de me faire peur. C'est d'après eux très costaud...même pas peur!!
Dimanche 23 Juillet, 7h45: Arrivée à Bidarray
Accompagnée de mon Binôme, je vais chercher mon dossard.
Contrairement à ces derniers jours, pas vraiment de stress ce matin mais plutôt de l'excitation d'être enfin au départ de la course.
Je croise plusieurs Nanas...j'ai l'impression qu'elles sont toutes fortes, toutes sèches et affûtées...
Je voudrai juste ne pas terminer dernière des Féminines!!
Puis je me prépare, aidée par mon Binôme.
L'ambiance est à la boutade ce matin, toute façon ça ne sert à rien de stresser, je sais que ça va être très dur!
Je retrouve mes 2 potes (!), Yannick et Ramun, les 2 machines de référence, qui accumulent les victoires en Trail.
Et mes frères, qui sont venus pour m'encourager. Très important pour moi qu'ils soient tous là, je sais que ça va m'aider dans les moments difficiles. Une pensée pour ma mère, qui n'a pas pu se libérer...
Et j'arrête là, on dirait que je pars à l'abattoir!!!
Un peu surprise du départ, j'étais en train de discuter avec Yannick et Ramun. Je me retrouve donc devant, 1ère féminine!!
Pas pour longtemps, je vous rassure, mais l'avantage c'est qu'au moins j'ai pu savoir tout au long de la course à quelle place j'étais.
Le parcours démarre par un long passage sur le bitume et un peu de descente. Donc tout va bien, mes jambes sont légères et le moral au beau fixe!
Puis c'est l'ascension de l'Artzamendi.
J'ai la chance d'être portée par un joli comité d'encouragements, par des amis. D'autres concurrents ne se font pas prier pour me le faire remarquer! Alors je leur réponds que j'en profite...après je ne pourrai compter que sur celui des pottok!!
La montée de l'Artzamendi se déroule plutôt bien. Je suis 3ème féminine, je me dis que ça ne va pas durer, mais j'en profite!! Malgré un terrain très glissant , mes BROOKS CASCADIA sont de véritables alliées! On passe à côté d'un joli kayolar (...) avant d'attaquer un mur qui nous mènera au sommet.
A moi la descente, yes!!
J'ai rattrapé 2 potes, Yon et Julien, qui ont l'habitude des trails, rien de tel pour me booster!!
Je pense au 16ème km, tout en bas de l'Artzamendi, à Xumux...1er ravitaillement. Et surtout, à mes frères, mon Binôme et d'autres amis qui y sont postés. Ça me donne la pêche, "plus que ...km et je les vois!!" Je vous cache pas que j'espère aussi passer 3ème féminine...!!
Et c'est le cas!, je suis la 3ème femme à passer devant eux...pas peu fière (chut!!)
Je suis vraiment contente de les voir. On me donne des conseils pour le reste de la course. Je suis vraiment en canne à ce moment là...
C'est reparti...à moi Irubela à 965m.
La première partie se passe vraiment très bien. Je repense aux conseils que l'on m'a donné: "Bien gérer la montée et toujours pouvoir se dire "je pourrai aller plus vite"".
Ça glisse beaucoup mais oui, je pourrai aller plus vite!
C'est spécial ce genre de course...il n'y a pas vraiment d'esprit de compétition (en tout cas pas à mon niveau). On se retrouve à parcourir des km avec d'autres concurrents, qui finalement ne sont plus des rivaux mais plutôt des amis de galère! D'ailleurs un gars m'aide à passer les rochers très glissants, sympas! C'est assez chaud (pas entre nous!!), les chemins sont très étroits et de chaque côté un ravin nous attend...!
Arrivée au 18ème km, la tuile...j'ai plus d'eau dans mon Camelback. Je me maudis...j'étais un peu trop euphorique à Xumux et du coup je ne l'ai pas rerempli.
Bon, je me rassure en me disant qu'il y a un ravitaillement en haut d'Irubela, soit dans 1km.
Voilà enfin le Sommet d'Irubela...ça commençait à être long, et je suis assoiffée. Mais grosse déception...il n'y a pas plus d'eau que dans le désert...et pas d'oasis ici.
Je me traite de tous les noms d'oiseaux...et j'essaye de rester zen...j'essaye!!
Un peu plus loin, alors que je me dépatouille comme je peux du beurre caramélisé (c'est plus joli que de la boue!) dans lequel on courre...2ème tuile...je choisi le mauvais chemin. Pfff, quel poisse...le temps de réaliser, je coupe à travers les fougères pour rattraper le parcours.Mais devinez qui passent devant moi, alors que je sors de mes herbes hautes? J'vous l'donne en 1000...une FEMME, Célia Trévisan et Yon.
Inutile de vous dire que mon moral, déjà à sec, se cale au fond de mes chaussettes :-(
Je sais, je vous ai dit plus haut que je ne ressentais pas l'esprit de compétition...eh bien moi je l'ai jusqu'au bout des orteils, alors ça me met la rage!!
Je m'empresse de leur emboîter le pas.
Mais Célia a l'air toute fraîche et elle accélère (ou c'est moi qui avance à la vitesse de la moule!).
Je m'accroche comme je peux à Yon (je ne sais pas ce que vous pouvez imaginer!, mais c'est une image bien sûr!!). Je rêve des sommets de Gorramakil, au km23, à 1067m et de Gorramendi, km25, à 1074m. Là-bas, c'est sûr qu'il y aura de l'EAU...et mes proches pour me rebooster.
Chaque mètre est interminable et le froid et le brouillard se sont ajoutés à la partie.
Je sais que je ne suis qu'au km20, qu'il me reste 22km195 à parcourir...et que mon calvaire va être long...
Sur les marathons sur route on parle du "mur du 30ème km"...et bien en montagne, pas besoin d'imagination...le mur se dresse devant vous!!
Gorramakil (en premier plan), c'est fait...et pas l'ombre d'une âme humaine, ni d'eau!!
Alors je continue en pensant à mes proches qui m'attendent à Gorramendi...qu'est-ce qu'il me tarde de les voir...
Ça y est, j'y suis, Gorramendi (deuxième plan).
A travers le brouillard, j'aperçois une table de ravitaillement...avec de l'EAU!! Je revis! Ca y est je suis rassurée, je vais pouvoir reremplir mon Camelback, me réhydrater et surtout regagner des places!Je cherche mes proches partout...grosse déception, ils ne sont pas là. D'ailleurs il n'y a pas grand monde, il fait sacrément froid.
Ragaillardie par l'eau qui a traversé mon corps, j'y vais d'un bon pas...jusqu'à la 3ème tuile (oui j'ai bientôt de quoi faire un avant-toit!). La poudre, que j'ai rajouté dans mon Camel, a bouché le tuyau...résultat PLUS D'EAU...AaaAAAaaaaAaaAAh...c'est pas vrai...
Bon bin je dois désormais compter uniquement sur les ravitaillements. Le prochain sera en bas, à Meaka, au km28. Je sais, ce n'est que dans 3km, mais mon corps tout entier est desséché.
C'est parti pour la descente...
D'habitude j'adore ça, mais là, impossible de se lâcher, on cours sur une patinoire et mes jambes ne veulent pas se décrisper.
Meaka, km28, 740m...de l'EAU!!
Allez...c'est pas tout mais le Col d'Arrieta m'attends, à 808m, 33ème km!
Je me sens seule au monde...ça y est je commence à divaguer...certainement due à la déshydratation... "Qu'est-ce que je fais là? J'en ai vraiment marre...plus aucun plaisir...je me fiche du classement maintenant, tout le monde pourrait me doubler, ça ne me ferait ni chaud ni froid...je veux juste arriver au bout et en finir. Aidez-moi..."
Je repense à ce que j'ai fait dans ma vie, mon enfance, mes premiers pas,...je plaisante, je ne suis pas à l'article de la mort!! Je suis plus forte que ça!!
Je trouve enfin quelques minutes de répit, en pensant à mes 2 marathons sur route...où là c'était vraiment l'Enfer... Au moins en montagne on peut marcher! Du coup je me dis que c'est moins dur et je me rebooste...pour quelques kilomètres!
Légère descente après le Col d'Arrieta avant d'attaquer Iparla à 1.044m...ça n'en finit jamais...
Ça y est je ne pense plus...ça me prend trop d'énergie et peut-être trop d'eau!!
Mes jambes continuent d'avancer, guidées par les morceaux de rubalise ou les concurrents qui me doublent...
On ne peut même pas profiter du paysage puisque tout est bouché par le brouillard.
Vous vous demandez peut-être dans quel but alors je continue? Certainement par défi contre moi-même, pour dépasser mes limites et être plus forte la prochaine fois!! Même si à ce moment là, je ne suis pas du tout motivée pour remettre ça!
KM 36...je ne sais pas comment mais je me retrouve perchée au Sommet d'Iparla!!
Fini les murs...plus que de la descente jusqu'à Bidarray...soit 6km195 de descente.
J'étais Ravie quand j'ai vu ça, en étudiant le parcours...allongée confortablement dans mon canapé!!
Sauf que là j'en ai vraiment marre et je le fais savoir aux gars du ravitaillement...gentiment!!
Je pars pour la descente...je suis vraiment à bout et sur les nerfs... Ça glisse énormément.
Je me vrille la cheville (celle de l'entorse, s'il vous plaît!)., et je me surprends à pousser un cri de rage... Ça fait du bien de libérer ses émotions!! J'ai aussi les larmes qui montent...je n'en peux plus, mais je les ravale...au moins ça me fait un peu d'EAU!!
Pourtant je continue de descendre et les km qui me séparent de Bidarray, diminuent.
A 800m de l'Arrivée...Jeanne d'Arc s'empare de mon corps...j'entends les voix de mon frère aîné et de mon chéri!! En fait non, ils sont bien là et ils m'encouragent à bloc et ça me créait une émotion indescriptible... Comme si je sortais la tête d'un gouffre et que je retrouvais les gens que j'aime...je ne sais pas trop comment vous l'exprimer...
Bref, j'ai failli craquer...mais j'ai juste crier "OoOooOh vous pouvez pas savoir combien je suis contente de vous voir.."!!
Du coup mon Binôme a couru un peu avec moi...ça m'a rappelé l'Euskal Trail ;-)
Un peu plus loin m'attendaient mon Ptit frère et ma jolie soeur!!
Génial, juste la force dont j'avais besoin pour terminer ces 42km195!
A 300m de l'Arrivée, on passe sur le bitume et toujours en descente.
Encore beaucoup d'émotion... le public en masse nous encourage de chaque côté de la route.
Je me sens portée, c'est indescriptible...après avoir galéré toute seule sur les hauteurs, dans le brouillard...leur cris imprègnent tout mon corps!!
Le fait de vivre toutes ces émotions fortes, j'oublie très vite les mauvais moments passés dans les hauteurs...!!
Bientôt la Ligne d'Arrivée où est postée la dernière personne que j'attendais...mon Coach!!
Ça y est c'est fini...OUF...7h05min plus tard!!
Je termine 4ème, j'en suis très surprise et très heureuse :-) et surtout très contente d'avoir terminé.
Bon je sais, ce n'est pas du tout l'impression que je laisse aux personnes présentes à l'arrivée... Comme souvent sur mes courses (en triathlon ou après mes 2 marathons sur route), le fait de dépasser mes limites, ça me mets vraiment à bout nerveusement...et donc une fois passé la ligne d'arrivée, quand la pression retombe, je craque et je deviens claustrophobe...impossible de me contrôler. Et comme je ne veux pas exploser devant tout le monde, je fuis, je me cache.
Il faut vraiment que je travaille là-dessus parce que mon entourage a peur de m'approcher de peur que je les renvoie aux 22!! et les gens pensent que je suis très déçue. Par exemple pour ce cas, déçue d'être 4ème, alors que pas du tout.
J'en profite pour remercier le club Baztandarrak pour la superbe organisation dont ils ont fait preuve et tout les gens qui se sont déplacés. D'habitude ce ne sont que les premiers qui remercient n'est-ce pas? Ca fait un peu kek?!!! Tant pis MERCI quand même!!
Un Grand Bravo à la machine Yannick Gourdon qui termine encore 1er ;-) et surtout à Séverine Duhalde, 1ère femme dont on ne parle pas assez...y en a toujours que pour les hommes...GrrrRRrrR!!
Voilà...c'était Liliposa en différé, du Marathon de Bidarray...!!
Maintenant place au REPOS!
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